Correspondence

LETTRE DE RAMEAU À BAZIN - 5 octobre 1739

LETTRE DE RAMEAU À BAZIN

5 octobre 1739

Monsieur

Avant que d’envoyer ma procuration, Monsieur, pour vous vendre ma Maison, je vous prie de m’en faire savoir les conditions, si vous payez le tout comptant, ou en partie, en me donnant le denier 20 de ce qui restera à payer, vous la prendrez sans doute avec toutes ses charges, pour le prix de 7000lt, savoir mes sœurs occupant leur vie durant la chambre que mon père leur y a laissée par son testament, et Mlle Moussiere y restant le reste de son bail qui est encore de 8 ans à 300lt par An, et que j’ai promis de lui maintenir en cas de vente, sauf à l’en dédommager au cas que vous la vouliez occuper, ou faire rebâtir, je ne trouve point le titre par lequel elle est exempte de Lots* et vente, mais jamais elle n’a payé de Sens*, on ne m’a rien demandé lorsque j’en ai pris possession, ni à M. Lessore, lorsque je la lui ai vendue, et lorsqu’il me l’a remise, il a, sans doute, ce titre encore entre les mains, et il est obligé de me rendre tout ce que je lui ai fourni à ce sujet, par le dernier traité que nous avons passé ensemble.

Comme je n’entends pas les affaires, et que je suis extrêmement occupé, je n’ai pas songé à demander cette pièce ; il y a, sans doute, une coutume de Dijon, par laquelle on peut s’instruire si c’est au Seigneur, ou au vassal de produire son titre, en un mot, aucun Seigneur ne s’est présenté depuis plus de 40 ans que mon père l’a achetée d’un Oncle de ma mère, et il m’a toujours dit qu’elle était en franc aleu,; voyez les mesures qu’on peut prendre là-dessus sans m’embarrasser de l’avenir, car j’aime à finir les affaires sans aucun retour, votre réponse décidera du tout, supposé que vous ayez dessein de finir, je suis, Monsieur, avec toute la considération possible, votre très humble et très obéissant serviteur,

Rameau

À Paris, ce 5 octobre 1739

Monsieur Bazin,

Place St Michel.

À Dijon

rép. le 14. 9bre 1739

*lire « lods » au lieu de « lots », et « cens » au lieu de « sens ».