Correspondence

LETTRE DE RAMEAU À L’ABBÉ ARNAUD - 19 août 1757

LETTRE DE RAMEAU À L’ABBÉ ARNAUD

19 août 1757

Vous me désespérez, mon cher Monsieur, je ne comprends point ce que vous appelez routine, lorsqu’il s’agit de pratique, autant de mots de votre main sur mon Prospectus que dans votre Lettre me suffiraient peut-être ; croquez-y vos idées en abrégé, marquez par chiffres ou autrement, leur place ; je vous entendrai à demi-mot quand j’aurais moins de part au désir de vous savoir en santé ; on ne peut être plus sensible que je ne le suis à votre indisposition ; à vous voir, à vous entendre, on ne peut s’imaginer qu’aucune maladie puisse vous attaquer ; pour moi, je crains que ma santé ne me permette pas d’achever un ouvrage qui me tient à cœur ; je voudrais pouvoir le finir à la campagne, un avis de votre main un peu plus circonstancié me mettrait peut-être en état d’en venir à bout ; je puis retarder mon voyage jusqu’à mardi ; voyez si lundi matin vous pourriez me donner une idée assez distincte de votre projet ; marquez seulement l’endroit où vous voulez ajouter quelque chose, je le laisserai en blanc et à mon retour, si votre santé le permet, vous y donnerez la dernière main ; sinon remettez l’ouvrage au porteur ; je ne pourrai le recevoir aujourd’hui sans un grand regret de n’avoir pu profiter de vos lumières ; ne m’abandonnez pas tout à fait, et croyez que mes sentiments sur votre compte ont gagné toute l’estime et toute la considération avec lesquelles j’ai l’honneur d’être Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Rameau

Ce vendredi le 19 août 1757.

Monsieur l’abbé Arnaud