Correspondence

LETTRE DE RAMEAU À BECCARI - 7 août 1759

LETTRE DE RAMEAU À BECCARI

7 août 1759

Monsieur,

Sur la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire il y a déjà longtemps, je m’attendais à savoir bientôt ce que vous pensiez, et ce que je devais penser moi-même, des réflexions que j’ai eu l’honneur de soumettre à votre examen. Quelle pourrait donc être la cause d’un retardement si considérable ? Quand même au lieu de l’approbation que vous m’aviez fait entrevoir, vous devriez ne me faire savoir que les raisons qui vous empêchent de me l’accorder. Sont-ce des éloges que je demande ? Non, je ne cherche que la vérité ; si je ne l’ai pas trouvée, faites-moi connaître mes erreurs. J’ai eu l’honneur de marquer au R. P. Martini quels sont mes sentiments à ce sujet, et j’ose vous assurer, vous, Monsieur, et toute votre illustre et savante société, que ces sentiments sont au fond de mon cœur. Encore une fois, Monsieur, si je n’ai pas mérité vos éloges, envoyez-moi vos doutes, votre critique, ma reconnaissance n’en sera ni moins sincère ni moins vive.

Je suis avec la plus haute estime et la considération la plus respectueuse, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Rameau.

Le procès qui se trouve entre nos directeurs des Postes et ceux de Genève, qui ne nous envoient point nos lettres, quoique j’aie prié deux personnes d’y faire retirer les miennes, m’a fait profiter d’un beau-frère qui s’appelle Mangot, Maître de musique de son A. R. Mgre le duc de Parme, qui vous adressera celle-ci, et à qui vous pourrez envoyer votre réponse sous enveloppe à son adresse ; si le R. P. Martini veut profiter de la même occasion, je serai bien flatté de l’honneur et du plaisir que l’un et l’autre me ferez.

À Paris ce 7 août 1759.