AQUILON ET ORITHIE
Description générale
Compositeur : RAMEAU, Jean-Philippe (1683-1764)
Auteur du texte : non identifié
Copie : 1719
Genre : Cantate française
Catalogue : RCT 23
Cantate pour basse-taille, dessus instrumental (violon ou flûte) et basse continue.
Que j'ai bien mérité la froideur d'Orithie,
S'écriait Aquilon rebuté des mépris
De la beauté dont il était épris,
Ma flamme, disait-il, en fureur convertie
Va faire succéder a mes soins les plus doux,
À mon respect, à mon obéissance
Une barbare violence,
Un impitoyable courroux.
Un amant tel que moi doit-il prouver sa flamme
Par les désirs les plus discrets ?
Et de quoi m'ont servi mille soupirs secrets
Mille vœux trop soumis qu'avait formés mon âme ?
Peut-être d'Orithie avec moins de douceur
La fierté sera surmontée.
Éprouvons du moins si son cœur,
Trop insensible à la tendre langueur,
Peut céder aux transports d'une ardeur irritée.
Servez mes feux à votre tour,
Force indomptable, affreuse rage,
Que tout l'univers en ce jour
Soit en proie à votre ravage.
Pénétrez dans le sein des mers,
Confondez le ciel et la terre,
Portez jusqu'au fond des enfers
Toutes les horreurs de la guerre.
Après ces discours menaçants,
Aquilon vole, et ses efforts puissants
Inspirent aux mortels la crainte et la tristesse.
Ile enlève Orithie en traversant la Grèce ;
La violence de ses feux
Lui fait connoître enfin quelle en est la tendresse ;
Par un juste retour elle écoute ses vœux.
On peut toujours dans l'amoureux mystère
Trouver le moyen de charmer.
Celui qui devrait alarmer,
Devient quelquefois nécessaire.
Une beauté peut, sans être sévère,
Refuser l'hommage d'un cœur.
Loin de l'accuser de rigueur,
Essayons toujours de lui plaire.