NOUVELLES SUITES DE PIÈCES DE CLAVECIN
Description générale
Compositeur : RAMEAU, Jean-Philippe (1683-1764)
1ère édition : 1728
Genre : Livre de Pièces de clavecin
Catalogue : RCT 5
Quatre ans après son deuxième livre de pièces pour clavecin, Rameau prolonge son expérience en publiant un nouveau recueil intitulé Nouvelles suites de pièces de clavecin, précédé d’une préface intitulée Remarques sur les pièces de ce livre et sur les différents genres de musique, comportant de précieux conseils d’interprétation.
SUITE EN LA
La Suite en la débute par des danses traditionnellement présentes dans les recueils de clavecin.
Allemande
L’Allemande d’une écriture extrêmement fournie, reprend le thème de celle au début du livre de 1706, mais amplifiée par des phrases plus longues et de grands traits de doubles-croches mêlés à des fluctuations incessantes entre les modes majeur et mineur.
Courante
La Courante rappelle aussi celle du livre de 1706 avec ses quartes montantes à la main droite très dynamiques, lui conférant un rythme bondissant éloigné de la danse pure.
Sarabande
La Sarabande s’inspire, en dépit des notes inversées, de la 2e Sarabande du premier livre, tout en y ajoutant un caractère majestueux avec ses arpèges luthés au milieu de la deuxième partie, ainsi qu’une superbe marche harmonique. Rameau l’orchestrera dans son opéra Zoroastre.
Les Trois Mains
Avec Les Trois Mains, Rameau donne l’illusion d’une troisième main par le croisement des mains et les sauts de la main gauche dans le registre supérieur du clavier par-dessus la main droite.
Fanfarinette
Fanfarinette, sans doute un diminutif de fanfaronne, malgré son titre affectif, cache mal un aspect martial appuyé et sa parenté avec la Gigue du deuxième recueil.
La Triomphante
La Triomphante est un rondeau dont le thème repose sur des accords parfaits et des gammes qui lui donnent une allure opératique, dans lequel Rameau crée la surprise avec un effet harmonique au deuxième couplet.
Gavotte
La Gavotte comporte un thème orné comme s’il était joué au luth et rappelle un air populaire que Rameau a pu entendre dans sa Bourgogne natale. Cette pièce qui rappelle l’Air écrit par Haendel dans sa troisième suite de clavecin de 1720, donne lieu à six variations (ou « doubles ») d’une intensité et d’une virtuosité grandissantes. Ainsi, dans le premier double, le thème est confié à la main gauche, tandis qu’une ligne continue de doubles croches est confiée à la main droite. Dans le deuxième double, c’est exactement l’inverse, tandis que dans le troisième double, le thème est confié aux parties de dessus et de basse, pendant que la variation se déroule dans le registre medium du clavier partagé entre les deux mains. Le quatrième double évoque plus Scarlatti avec ses notes répétées confiées aux deux mains. Le cinquième double voit le thème noyé dans les arpèges et les doubles croches à la main droite, tandis que dans le sixième, la main gauche se voit confier des sauts d’octaves avec notes répétées entre tierces et quintes dans une virtuosité extrême.
SUITE EN SOL
Les Tricotets. Rondeau
La Suite en sol suite débute avec Les Tricotets, qui est un rondeau au style luthé et dont le titre se justifie par l’ambiguïté liée à la superposition des rythmes 3/4 et 6/8.
L'Indifférente
L’Indifférente, écrite en duo, a une allure singulière avec ses croches confiées aux deux mains dans un mouvement uniforme et sans accent malgré le passage de quelques modulations.
1er et 2e Menuet
Les deux Menuets majeur et mineur, comportent la même cellule rythmique basée sur des syncopes sur le premier temps. Ces deux danses seront reprises par Rameau, pour le premier dans son opéra Castor et Pollux, et pour le second dans la Princesse de Navarre.
La Poule
La Poule est une pièce descriptive célèbre dans laquelle Rameau s’est amusé à noter lui-même, sous le thème composé de cinq croches répétées suivies d’un arpège : « co co co co codai ». Cette cellule est ensuite amplifiée et transformée avec le martèlement d’accords et d’arpèges déchaînés conférant au morceau une puissance tragicomique.
Les Triolets
Les Triolets par contraste, est une pièce tranquille qui rappelle l’Indifférente dans son déroulement doux et paisible.
Les Sauvages
Les Sauvages, célèbre rondeau au rythme composé de sauts mélodiques en arpèges, est comme la Musette et le Tambourin un témoignage émouvant des pièces écrites par Rameau pour le Théâtre de la Foire. L’exotisme transparaît dans le deuxième couplet aux effets harmoniques volontairement rudes. Il connaîtra la gloire avec son orchestration dans l’opéra Les Indes galantes, en faisant intervenir des solistes et un chœur dans une danse intitulée Danse pour le calumet de la paix suivie d’un Air pour les Sauvages.
L'Enharmonique
L’Enharmonique, sous-titré « gracieusement », est une pièce savante où Rameau fait montre d’une écriture audacieuse, mais n’est pas dépourvue de mélancolie. Avec cette pièce, il tente de mettre en pratique la théorie du genre enharmonique alors à la mode.
L'Égyptienne
L’Égyptienne, qui désigne une gitane, finit le recueil, et rappelle, comme Les Sauvages, le Théâtre de la Foire avec son rythme agité et ses traits de virtuosité en tout genre, transportant l’auditeur dans un style proche de celui de Domenico Scarlatti.
[Patrick Florentin]